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Business et Environnement - H.MARIE
8 octobre 2011

Le déclin de l'industrie nucléaire

Alors que la situation sur la centrale de Fukushima Daiichi reste très critique et que l'évaluation de la gravité de la catastrophe a largement été sous-estimée, un rapport du Worldwatch Institute montre que l'industrie nucléaire était en déclin, et ce, bien avant la catastrophe japonaise.

A Fukushima I, la situation est loin d'être maitrisée : de l'eau douce est toujours injectée en continu dans les réacteurs 1, 2 et 3 afin de maintenir la température. De plus, l'eau utilisée au départ pour refroidir les réacteurs est devenue hautement radioactive et stagne dans les sous-sols de ceux-ci : des opérations de transfert dans des réservoirs sont en cours, selon l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA).

Au 11 mai 2011, des restrictions alimentaires étaient toujours en vigueur dans la préfecture de Fukushima et pour les villes de Kitaibaraki et Takahagi dans la préfecture d'Ibaraki. Dans l'ensemble, la contamination radioactive est bien présente dans les différents milieux de la région de Fukushima même si elle décroît lentement, selon l'AIEA.

Au final, Tepco, l'opérateur de la centrale, a décidé d'édifier des sarcophages de béton, d'acier et de polyester autour des réacteurs en fusion afin de contenir les émanations radioactives. Vendredi 13 mai, Tepco annonçait que les premiers travaux concernant le réacteur n°1 débuteraient en juin 2011, relayait Radio Chine Internationale

Dans tous les cas, ce désastre sonne sans doute le glas de l'industrie nucléaire, au moins dans l'image de fiabilité, de sécurité et de transparence véhiculée par ses promoteurs.

L'industrie nucléaire est en déclin

Bien avant cette catastrophe, l'industrie nucléaire dans le monde était déjà en déclin selon un nouveau rapport publié par le Worldwatch Institute. "L'industrie nucléaire était déjà sans doute en sursit. Dans l'écriture de l'histoire de l'industrie nucléaire, Fukushima est susceptible d'être son dernier chapitre." a déclaré Mycle Schneider, consultant international sur les questions d'énergie et de politique nucléaire, auteur principal du nouveau rapport "The world nuclear industry status report 2010-2011 - Nuclear Power in a Post-Fukushima World 25 Years After the Chernobyl Accident".

En effet, le parc nucléaire est vieillissant et peu de nouvelles unités sont en construction : la moyenne d'âge des réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde est de 26 ans. C'est pourquoi, certaines compagnies d'électricité nucléaire envisagent de prolonger la durée de vie de leurs réacteurs à 40 ans ou plus. Vu que l'âge moyen des 130 unités déjà fermées est d'environ 22 ans, doubler la durée de vie des réacteurs encore en fonctionnement reste un pari bien optimiste, surtout si l'on prend en compte la catastrophe nucléaire de Fukushima. Le gouvernement allemand a d'ailleurs pris la mesure du risque suite à cette catastrophe en prenant la décision de suspendre l'activité de tous les réacteurs de plus de 30 ans.

Au 1er avril 2011, il y avait 437 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans le monde, c'est sept de moins qu'en 2002. L'AIEA compte actuellement 64 réacteurs en construction dans 14 pays. Par comparaison, à l'apogée de la phase de croissance de l'industrie en 1979, il y avait 233 réacteurs en construction en même temps. Et, en 2008, pour la première fois dans l'histoire de l'énergie nucléaire, aucun nouveau réacteur n'a été démarré. Sept nouveaux réacteurs ont été ajoutés en 2009 et 2010, tandis que 11 ont été fermés durant cette période. Dans le premier trimestre 2011, deux nouveaux réacteurs ont été mis en service.

En Europe, toujours au 1er avril 2011, 143 réacteurs étaient officiellement opérationnels, une baisse notable par rapport au maximum historique de 177 unités en 1989. Bien sûr, le nombre de réacteur n'est pas une indication suffisante et la production totale doit être prise en compte. Or, en 2009, les centrales nucléaires ont produit 2 558 térawattheures (TWh) d'électricité, c'est environ 2 % de moins que l'année précédente. En 2010, 16 des 30 pays producteurs d'énergie nucléaire ont maintenu la part de cette énergie dans leur production totale tandis que neuf l'ont diminué et 5 l'ont augmenté.

Le rôle de l'énergie nucléaire dans la production d'énergie décline régulièrement et ne représente qu'environ 13 % de l'électricité produite dans le monde et 5,5 % de l'énergie primaire commercialisée.

Depuis près de 15 ans, l'énergie nucléaire ne parvient plus à concurrencer le dynamisme insolent des énergies renouvelables. Aux Etats-Unis, la part des énergies renouvelables dans les ajouts de nouvelles capacités de production d'électricité est passé de 2 % en 2004 à 55 % en 2009, sans qu'aucun réacteur nucléaire ne soit construit sur cette période. En 2010, dans le monde, pour la première fois, la capacité de production électrique des énergies renouvelables a dépassé celle de l'énergie nucléaire : 381 gigawatts (GW) contre 375 GW pour le nucléaire. L'investissement total dans les énergies renouvelables, sur cette même année, a été estimé à 243 milliards de dollars.

Afin d'évaluer le nombre de réacteurs qui devront être remplacés pour maintenir la production électrique actuelle, le rapport a établi un scénario où les centrales actuelles et en construction seraient maintenues en fonctionnement en moyenne pendant 40 ans. Il en ressort que 18 réacteurs supplémentaires devraient être achevés et mis en service avant 2015. Cela correspond à un raccordement tous les trois mois avec l'ajout de 191 unités supplémentaires (175 GW) au cours de la décennie suivante. Or, la réalisation de cet objectif est tout simplement impossible compte tenu des contraintes existantes sur la fabrication des composants d'un réacteur nucléaire, sans prendre en compte les conséquences de la catastrophe de Fukushima. Par conséquent, le nombre de réacteurs en exploitation diminuera au cours des prochaines années, sauf si la limite de 40 ans est davantage repoussée, un scénario de moins en moins probable vu la catastrophe de Fukushima.

Quant aux nouvelles générations de réacteurs, le projet EPRen construction à Olkiluoto en Finlande, géré par le plus grand constructeur nucléaire au monde, Areva, a tourné au fiasco financier. Le projet a déjà 4 ans de retard pour un coût total estimé à 5,7 milliards d'euros, soit 90% de plus que le budget initial ! Heureusement, les énergies renouvelables ont un très bel avenir devant elles

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